Ah ce fameux 8 mars …
Ma mère s’est faite opérée de son dernier peacemaker le 8 mars 2005.
Le dernier cri technologique, en provenance des états-Unis.
Bon ils ont tout de même mis quelques mois à la régler celui-là !
Elle était si drôle ma mère, elle disait qu’ils jouaient à la « game boy » avec elle …
Je me vois très bien aller la chercher à l’hôpital quelques jours après, elle était épuisée…
Mais pomponnée ! Toujours maquillée léger, du style quoi qu’il arrive. Un sourire. Un peu forcé ce matin là.
Malgré son épuisement, elle tenait à peine debout, elle a réussi à tenir tête à la jeune femme très mal élevée de la comptabilité de l’hôpital.
C’était ça Camille, une héroïne du Woman power. La dignité féminine envers et contre tout.
Cette jeune femme la prenait de haut, la regardait comme une malade, et lui faisait comprendre qu’elle était bête d’avoir besoin d’explications sur la facture …
Mon Dieu, la malheureuse ! Elle a probablement eu une des grandes leçons de sa vie ce jour là.
Le fait est que Moi aussi et quelle chance !
Elle lui a expliqué avec autorité et bienveillance que ce qui comptait dans l’existence ce n’était pas les évènements en eux-même mais la manière dont on les gérait, dont on allait les traiter.
Qu’on avait toujours le choix dans la vie, subir ou prendre les choses en mains.
Que si elle n’aimait pas son travail, elle n’avait qu’à en changer. Au lieu de se venger, de sa lâcheté, sur des patients affaiblis innocents.
Et en tant que femme, elle avait un devoir d’élégance, elle parlait de l’élégance humaine.
Que croiser des jeunes femmes mal élevées et irrespectueuses comme elle, était source de rabaissement pour toute la gente féminine.
La petite est restée bouche bée …
Fabuleuse la force de ma mère, hors norme, hors cadre, héroïne guerrière infiniment généreuse.
Le 8 mars est une fête pour moi. Je célèbre le Camille Power !
Ca tombe bien quand-même que ça coïncide avec le womanday.
Alors je me suis demandée ce qu’elle me dirait aujourd’hui à moi sa fille unique, ma flamboyante mère…
“Et maintenant, parlons de Choses sérieuses ma beauté.
J’ai peur que tu ne fasses pas de folies.
Cela n’empêche ni la générosité, ni la joie, ni le partage : ces trois gourmandises de ton caractère.
Tu peux être généreux et fou, qui empêche ?
Tu peux être tout ce que tu veux et fou en surplus, mais il faut être fou, ma Dot.
Regarde autour de toi le monde sans cesse grandissant des gens qui se prennent au sérieux.
Outre qu’ils se donnent un ridicule irrémédiable devant les esprits semblables au mien, ils se font une vie dangereusement constipée.
Ils sont exactement comme si, à la fois, ils se bourraient de tripes qui relâchent et de nèfles du Japon qui resserrent. Ils gonflent, ils gonflent, puis ils éclatent et ça sent mauvais pour tout le monde.
Je n’ai pas trouvé d’image meilleure que celle-là. D’ailleurs, elle me plaît beaucoup.
Il faudrait même y employer trois ou quatre mots de dialecte de façon à la rendre plus ordurière que ce qu’elle est en piémontais.
Toi qui connais mon éloignement naturel pour tout ce qui est grossier, cette recherche te montre bien tout le danger que courent les gens qui se prennent au sérieux devant les jugements des esprits originaux.
Ne sois jamais une mauvaise odeur pour tout un royaume, ma dothy.
Promène-toi comme un jasmin au milieu de tous. »
Propos en partie emprunté à J.Giono
Allé les filles, let’s be foolishly Craaaaazy ! Shake shake shake !