Alain Badiou – philosophe français contemporain, professeur émérite à l’Ecole normale supérieure – nous propose une philosophie de la volonté qui me parle complètement.
« Tu peux, donc tu dois », telle est la maxime héritée de son père à laquelle il reste fidèle.
De la Syrie aux attentats contre Charlie, notre quête d’identité vire à la guerre des communautés. Et les actes de désertions intérieures se multiplient. Dans l’entreprise, comme dans les parties, la déloyauté grandit… La France détient le triste record, paraît il, de consommation de psychotropes en Europe… Face à cette perte de sens, chacun, dans son souple, sa famille, auprès de ses amis, se protège, se retrouve, se replie. Chacun cherche à préserver ces îlots de bonheur.
Dans ce brouillard du temps présent, de l’amour à la séparation, de la rencontre à l’engagement, de la maladie à la mort, quels chemins emprunter pour vire une vie qui vaille la peine d’être vécue ?
Alain Badiou plaidoie pour une philosophie de la volonté face au climat de résignation qui domine l’époque.
Il tient à distinguer bonheur et satisfaction.
La satisfaction, ce n’est que la jouissance de la consommation.
C’est la vie bien gérée, avec une bonne place dans la société, une belle voiture, de belles vacances etc etc. Une figure de la réussite selon les normes du monde.
Le bonheur c’est autre chose… « C’est découvrir que l’on est capable de quelque chose dont on ne se savait pas capable ». A l’image de l’amoureux qui change sa vie pour l’être aimé.
Le bonheur réel n’est pas une catégorie normale de la vie sociale.
Lorsque vous faites une demande de bonheur à laquelle on vous répond non, vous avez 2 possibilités.
La première consiste à vous changer vous-même à cesser de demander cette chose qu’on vous dit « impossible ». On vous interdit le bonheur et on vous incite à vous contenter de la satisfaction. Vous obéissez. Telle est la racine du conservatisme.
La deuxième est de ne pas céder à votre désir, de ne pas cesser de vouloir ce que vous voulez.
Alors, il y a un moment où il faut désirer changer le monde, pour sauver la vision de l’humanité qu’il y a en vous, plutôt que de céder à l’injonction de l’impossible.
C’est donc en étant fidèle à l’idée d’être heureux que l’on peut changer le monde !
En défendant le fait que le bonheur n’est pas semblable à la satisfaction.
Les vertus capitales de la conception du Bonheur d’Alain Badoui sont le courage et la fidélité. « Aie le courage de te servir de ta volonté pour qu’advienne cette puissance dont tu ne te sentais pas capable »… Tel pourrait être le nouvel impératif de nos temps désorientés !